La photographie artistique : l'autoportrait

C’est l’histoire de tout ce qui déborde. C’est aussi l’histoire d’une personne qui voulait faire du beau avec du moche.

C’est l’histoire de quelqu’un qui choisit de vivre, et d’utiliser les épreuves pour répandre de l’espoir et ouvrir la parole.

La partie que nous appellerons “artistique” de mon travail, c’est tout simplement celle que vous ne commandez pas. Mais que vous pouvez acheter, ceci dit !

J’en suis l’unique sujet.

L’exercice de l’autoportrait fascine encore beaucoup. Techniquement, il peut être rendu plus facile par la technologie. Mais je m’y refuse, et je travaille sans filet. Je ne vois pas ce que je fais. Un boîtier, un pied et un déclencheur. Rien d’autre.

Un photographe n’est jamais sur les photos. Pour tout vous dire, je ne vois pas comment vous convaincre de vous prêter à l’exercice d’une séance photo professionnelle en studio, si je ne m’applique pas mes propres conseils…

Il y a 11 ans, peu après que j’aie découvert la photographie, j’ai réalisé mon premier autoportrait à la lumière d’une fenêtre. Enceinte de Sacha.

Plusieurs semaines plus tard, je mettais au monde Sacha sans vie.

L’autoportrait m’a sauvé. C’est devenu mon expression, mon cri, mon refuge.

Et Autoportraits à la Nature morte est né.

20 tableaux, de la mort à la vie, terminés en 2019 avec la naissance de Gabriel.

De même que pour les photographies que je réalise pour vous, chaque œuvre doit être porteuse de sens.

À chaque étape de vie, à chaque douleur, à chaque victoire, à chaque perte, son ou ses autoportraits. Ils sont souvent performatifs, parce que l’œuvre ne vaudra que si elle raconte un instant réel et puissant.

 

Aussi, pas de colorant dans une baignoire remplie de vin pour célébrer 1500 jours d’abstinence.

Pas de poulpe en plastique dans la bouche pour crier l’excès de charge mentale.
Mais du barbelé autour des mains pour jouer la Sonate au Clair de Lune, en souvenir de Charcot prenant les mains de ma mère, pianiste brillante.
Mais un masque de silence quand la trahison de l’autre détruit notre confiance en nous.

Pour beaucoup de ces œuvres, elles habitent désormais en plusieurs endroits. Lorsque vous en faites l’achat, leur sens vous appartient. Mais sachez qu’à un instant, faire cette image a été impératif, et qu’elle contient un morceau de moi.

Alors non, je ne dirais pas que c’est plus artistique ici que ce que je réalise avec vous quotidiennement dans mon studio, en tant que photographe professionnel.

Je dirais que c’est comme les œuvres qu’on mettra au monde ensemble : c’est vital.